Lyralire

Lyralire

Souvenance

 

 

 

Sous un ciel immobile où  les oiseaux se posent

Quand les blés dans les champs mollement se reposent

Quand tout semble éthéré, que tout est silencieux

Quand l’ouvrage accompli s’élance vers les cieux

Un souvenir surgit des maux qui le composent

 

C’est un chemin boiteux, une ride incertaine

Une plainte qui longe une époque lointaine

C’est un tourment du temps qui soudain s’épaissit

Qui s’en vient, qui s’en va, comme l’orbe  indécis

D’une étrange langueur qui sourd d’une fontaine

 

Imperceptiblement et presque sans visage

Il s’affirme et se tient au coeur du paysage

Je devine un regard; je suppose une voix

C’est un passé lointain, soudain, que j’entrevois

Par le temps anobli, vertueux et sans âge

 

Il émane de lui la paix d’un autre monde

Où  la beauté se fond dans l’essor de l’aronde

Où le rire se tend jusqu’à toucher le ciel

Et l’effleure sans bruit dans un baiser véniel

Sous le regard froncé des passants à la ronde

 

Des coeurs illuminés ; un jupon blanc qui danse

Et le soleil joyeux qui coule en abondance

Mais aux couleurs d’antan se mêlent des amours

Aux sombres dénouements que je porte toujours

Dans un repli du coeur que j’ouvre en confidence

 

Aux vents du soir venu, le songe m’abandonne

S’altérant doucement tel un glas qui bourdonne

Et dans ma solitude insipide et sans fin

Il ne concède rien, ni ruban, ni parfum

Comme un amour déçu, qui reprend ce qu’il donne




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03/04/2016
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Solitude

 

 



Le soir venu, dans le silence,

Sous une ampoule nue qui danse

Dans la chaleur d’un four ouvert

Et le vacarme des couverts

Je crains la nuit

 

Elle s’est assise et m’accompagne

Quotidienne et morne compagne

La solitude fait grand mal

Dans son marasme lacrymal

Peuplé d’ennui

 

J’attends que l’on frappe à ma porte

Qu’un tourbillon de vent m’emporte

Par dessus les sombres marais

Haut vers la sphère où tu serais

Où l’astre luit





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29/02/2016
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Le Grillon

 

 

 

Dans la ravine de mon coeur

Chante un grillon mélancolique

Et sous le vent, en crève-coeur

L’ivraie se lit en italique

 

L’automne valse en tourbillons

Entraînant dans sa folle ronde

Les rumeurs sourdes des sillons

Et l’exil feutré de l’aronde

 

Où es tu, toi que j’aimais tant ?

Dans ses bras, loin de nos délices

Loin des bruits et de l’habitant

Dans l’antre où vous êtes complices ?

 

Le vent gémit dans la futaie

Tout alentour me fait reproche

Jusqu’au noir grillon qui se tait

Dans la brisure de sa roche

 

Combien est grise ma maison

Quand je te sais sur l’autre rive

C’est l’automne en toute saison

Avant que mon hiver arrive




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30/09/2015
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1er Mai

 

 

A tous les coins de rue, on offre du bonheur

En toupets ou en brins; avec ou sans la rose

“Monsieur est connaisseur” lâche le flagorneur

“Acheter mon muguet brise la sinistrose”

 

“C’est de l’amour !” dit il en me clignant de l’oeil

Et me voilà cherchant quelque argent dans ma poche

Celui là me vendrait des fleurs dans mon cercueil

Tant il est convaincant et tant je suis fantoche

 

Puis me voilà parti, tenant l’auguste brin

Comme probablement les Césars, les Pompées

Arboraient autrefois leur sceptre fait d’airain

Qu’ils brandissaient  au front des plèbes attroupées

 

Aujourd’hui je suis seul, pareillement demain

A quoi bon cette grâce à l’essence admirable

Si ce n’est pour l’offrir qu’aux calus de ma main .

Égoïste dessein à l’écho déplorable !

 

Mais une dame vient, esclave d’un paquet

Avec le front soucieux qu’un contretemps chiffonne

Je lui dis  “C’est pour vous !” et lui tends le muguet

Surprise elle se perd, puis sa mine rayonne

 

Et sans autre débat, je fuis comme un lapin

Quand dans mon coeur j’entends tinter une clochette.

- Camelot qu’a tu mis en prime de ce brin ?

Du bonheur ! Du bonheur ! qui s’offre à la sauvette !



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24/04/2015
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L'Attente

 

 

 

La flèche du cadran a terminé la ronde

Du douloureux déclin du rêve que j’attends

Dans un petit bistrot d’une cour moribonde

Épiant ce pas léger, ce fredon de printemps

Cet éclair sur le monde

 

Mais qui pourrait vouloir d’un être que l’on moque

D’un sombre olibrius inquiétant comme un puits

Que l’on fuit vertement tant sa présence choque

Tant son aspect brumeux qu’il dispute à la nuit

Semble sans équivoque

 

C’est le chant des revers; l'éternelle rengaine

Qui vient siéger au droit des perfides destins

Qui consume le coeur et condense la haine

Dans un dégoût de soi qui dès les jours éteints

Vers le fond nous entraîne

 

L’attente dure encore, et le temps s’éternise

Et l’horloge implacable achève un autre tour

Mais il me faut aller et vaincre la hantise      

D’entrevoir en chemin comme une ombre alentour

Rodant, fuyante et grise

 

Un moment j’aperçois au bras de sa princesse

Un galant qui ondule et rit benoîtement

Ses yeux touchent ses yeux, sa main touche sa fesse

Quand elle ignore encor que Cupidon lui ment

Au seuil de sa grand messe

 

Pendant que le regard du firmament se penche

Semblant, sur mon chagrin, paraître démuni

Anéanti, meurtri, et le coeur qui s’épanche

Sur les berges du soir, je marche à l’infini

Dans la nuit vaste et blanche

 

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13/04/2015
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