La Grande Dame
C’est la mine défaite et le cœur affligé
Qu’on s’en va renâclant doucement vers ta porte
Se demandant pourquoi il nous est infligé
Ce terrible fardeau que toute vie transporte
Sous ta funeste bure où s’éclipse ton front
Tu te ris de l’effroi qui hante nos racines
Et d’un geste rompu tu conjures l’affront
Des êtres suspicieux que ton ombre fascine
On élude ton nom craignant de t’invoquer
Redoutant par ce mot ta sournoise présence
Et si par ce blasphème on pense t’offusquer
On se signe implorant ta noble bienfaisance
Sous tes mornes haillons se cache nous dit-on
Un être famélique aux desseins implacables
Qui fauche des allants aux rondes des saisons
Négligeant ces foyers que le chagrin accable
Nos peurs irraisonnées par ton joug menaçant
Dissimulent à nos cœurs ton être véritable
Car tu nous affranchis de ce monde oppressant
Apportant au défunt ta lumière improbable
Ô mère de douceur qu’on qualifie à tort
D’intransigible mort, tu es la Grande Dame
Qui vient et nous ravit aux souffrances du sort
Et nous dépose aux cieux dans le berceau des âmes
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