Mes poèmes
Ecrire
Écrire, écrire encor jusqu’aux matins conquis
Écrire mais pour quoi ? Écrire mais pour qui ?
Au dessus de mon front, seul un ange se penche
Et se détourne un peu quand mon âme s’épanche
Quel verbe peut porter le poids d’une émotion
Le sentiment profond d’un cœur en distorsion
Si pauvres sont mes vers que je leur tends l'aumône
Et gracieux les écris sur une feuille jaune
Mais hélas ils ne sont qu’effluves de printemps
Clapotis de ruisseau qu’on oublie dès l’instant
Inaudibles soupirs des forêts de l’automne
Silences enneigés ou nuages qui tonnent
Fermés, scellés d’un cœur rouge comme mon sang
Mon âme s’en défait dans l’espoir grandissant
Que le souffle du vent un matin les emporte
Et délicatement, les pose à votre porte
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La vie rêvée d'un homme
Aux quatre coins des vents, j’ai tant roulé ma bosse
Sans allonger un pas, sans bateau, sans carrosse
Jetant dans les maquis les axes planifiés
Que des cœurs maladroits m’avaient cartographiés
J’ai couru tant de cieux, gravi tant de nuages
Aveuglément franchi les porches de mes âges
Aimé sans contredits les chants de Cupidon
Qui toujours m'amenaient le cœur à l’abandon
J’ai tant rêvé ma vie qu’elle en fût toute belle
Et chacun de mes jours porte sa ritournelle
L’Univers, de tout temps, silencieux et discret
Aux portes de l'éther me livrait ses secrets
Mais le soir est venu où les astres s’éteignent
Où la plainte s’enfuit des lèvres qui l’étreignent
J’ai tant rêvé ma vie, juste en fermant les yeux
Que je solde mon âme au néant ou à Dieu
Et qu’importe l’endroit, en France où en Ecosse
Pendant qu’on scellera mon esprit dans la fosse
Faisant perte de tout, renonçant à mon corps
Sachez, qu’en mon tombeau, je rêverai ma mort
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Il pleut !...
Il pleut !...
Sous la voûte de mai, un blanc matin s’égoutte
La nature nous parle, mot à mot, goutte à goutte
Et l’herbe des gazons et les buissons fleuris
Mêlent leur agrément au printemps qui sourit
Quelques merles en frac, en quête d’ordinaire
L’œil aigu, le pas vif, presque disciplinaire
Impétueusement, et comme à succomber
Cherche un vers qu’un poète aurait laissé tomber
La glycine adossée aux ruines séculaires
D’un mur aux fondements plus que crépusculaires
Enlace tendrement, les bras chargés de fleurs,
Un éphèbe de pierre à l’aspect enjôleur
Le square délaissé aux moineaux de la ville
Ruisselle sous la pluie sa nature tranquille
Ses silences fleuris, ses parfums accomplis
Qu’il donne à pleines mains aux âmes qu’il remplit
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Les Petits Vieux
Ce sont deux petits vieux qui vont à petits pas
Sur leur chemin qui va du commerce au repas
Ils sont si près des cieux qu’elle agrippe sa manche
De peur qu’il disparaisse au coin de ce dimanche
Les bancs sont les stations de leur chemin de croix
Marcher quand on est vieux, est brisant de surcroît
Le ciel semble si vaste à l’âme qui se traîne
Que l’admirer un peu valait bien cette peine
Leur horizon s’éteint au bout de leurs souliers
Et leurs jours ne sont plus que rites journaliers
Ils ont pleuré leur chien, il n’ont pas de famille
Ils n’ont pour tout soutient qu’une vieille béquille
La main l’étreint si fort, qu’il se tourne à demi
Et dans ce corps flétri, dans ce corps qui gémit
Demeure en filigrane une grâce éternelle
Qu’il relève toujours au fond de sa prunelle
Et dans son coeur usé, soudain la flamme luit
Tant d’années à s’aimer avant la grande nuit
Alors, il prend sa main, y pose le soleil
Se penche doucement, et glisse à son oreille :
“ - Tu es belle aujourd’hui ! “
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L'Eveil
On peut le voir assis, le poing sous le menton
Et de son autre main, à l’aide d’un bâton
Pousser allègrement les attritions de l’homme
Vers des gouffres ignés qui forgent son royaume
La terre doucement s’effondre en son tombeau
Encore un peu de temps pour n’être qu’un flambeau
Car il sait la patience et l’enfer sait attendre
Et ce sera le feu, et ce sera la cendre
Au dessus son antre il augure des cris
Des larmes, des sanglots, tout ce qu’il a prescrit
Et son regard flamboie à cette joie infâme
De voir pleurer l’enfant sur le corps d’une femme
“Le monde est imparfait, mais il n’est pas pourri
Ici, voyez vous-même , on danse, on chante, on rit !”
Nous dit l’homme d’état usant sa bonne mine
Mais à deux pas d’ici, hélas, on s’extermine
Et la terre, elle aussi convoite notre fin
Car elle a trop souffert des viols de l’aigrefin
Quand tremble tout son corps, quand gronde sa prière
On chancelle devant sa larme meurtrière
D’avoir trop espéré, d’avoir trop attendu
D’avoir danser aux vents comme un pauvre pendu
Trop longtemps à genoux, le peuple se relève
Prenez garde, nantis, à ce bras qu’il soulève
Car ce peuple est légion, et vous êtes bien seuls
Vos dollars ne seront que futiles linceuls
Écoutez !... Écoutez !...Ce n’est pas le tonnerre
C’est sa vindicte nue et révolutionnaire
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