L'Attente
La flèche du cadran a terminé la ronde
Du douloureux déclin du rêve que j’attends
Dans un petit bistrot d’une cour moribonde
Épiant ce pas léger, ce fredon de printemps
Cet éclair sur le monde
Mais qui pourrait vouloir d’un être que l’on moque
D’un sombre olibrius inquiétant comme un puits
Que l’on fuit vertement tant sa présence choque
Tant son aspect brumeux qu’il dispute à la nuit
Semble sans équivoque
C’est le chant des revers; l'éternelle rengaine
Qui vient siéger au droit des perfides destins
Qui consume le coeur et condense la haine
Dans un dégoût de soi qui dès les jours éteints
Vers le fond nous entraîne
L’attente dure encore, et le temps s’éternise
Et l’horloge implacable achève un autre tour
Mais il me faut aller et vaincre la hantise
D’entrevoir en chemin comme une ombre alentour
Rodant, fuyante et grise
Un moment j’aperçois au bras de sa princesse
Un galant qui ondule et rit benoîtement
Ses yeux touchent ses yeux, sa main touche sa fesse
Quand elle ignore encor que Cupidon lui ment
Au seuil de sa grand messe
Pendant que le regard du firmament se penche
Semblant, sur mon chagrin, paraître démuni
Anéanti, meurtri, et le coeur qui s’épanche
Sur les berges du soir, je marche à l’infini
Dans la nuit vaste et blanche
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