La Quête
De quoi sont faits mes pas ; vers où me mènent ils ?
Saurais je à l’écheveau des jours, trier les fils ?
Vers quel pesant destin, quel morne crépuscule
Verra t-on s’avancer mon âme ridicule
N’avais je pas naguère, à la fatalité,
Confié mes espoirs sans autre absurdité
Qu’une candeur de l’âme, une innocence chaste,
Que je glanais la nuit au sein de l’ombre vaste
L’amour était entier et rosissait le teint
Un baiser couronnait l’espoir jamais éteint,
Et quand se dessinait une absence cruelle,
Le jour perdait ses feux au bas de la ruelle
Sous des amours secrets souvent mon coeur failli
Comme un merle effrayé fuyant dans son taillis
Je regardais passer la belle demoiselle
Comme un ange qui va, m’effleurant de son aile
Jamais, ô grand jamais je n’aurais dit l’amour
Qui blanchissait la nuit ; qui éclipsait le jour
Me sentant dépourvu de toutes nitescences
J’abjurais ce bonheur et toutes ses essences
Je descendais ainsi les degrés de mes jours
Solitaire et meurtri, mais en quête toujours
D’une muse incertaine qui comblerait l’abîme
De ses prunelles d’or au silence sublime
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