L'Eveil
On peut le voir assis, le poing sous le menton
Et de son autre main, à l’aide d’un bâton
Pousser allègrement les attritions de l’homme
Vers des gouffres ignés qui forgent son royaume
La terre doucement s’effondre en son tombeau
Encore un peu de temps pour n’être qu’un flambeau
Car il sait la patience et l’enfer sait attendre
Et ce sera le feu, et ce sera la cendre
Au dessus son antre il augure des cris
Des larmes, des sanglots, tout ce qu’il a prescrit
Et son regard flamboie à cette joie infâme
De voir pleurer l’enfant sur le corps d’une femme
“Le monde est imparfait, mais il n’est pas pourri
Ici, voyez vous-même , on danse, on chante, on rit !”
Nous dit l’homme d’état usant sa bonne mine
Mais à deux pas d’ici, hélas, on s’extermine
Et la terre, elle aussi convoite notre fin
Car elle a trop souffert des viols de l’aigrefin
Quand tremble tout son corps, quand gronde sa prière
On chancelle devant sa larme meurtrière
D’avoir trop espéré, d’avoir trop attendu
D’avoir danser aux vents comme un pauvre pendu
Trop longtemps à genoux, le peuple se relève
Prenez garde, nantis, à ce bras qu’il soulève
Car ce peuple est légion, et vous êtes bien seuls
Vos dollars ne seront que futiles linceuls
Écoutez !... Écoutez !...Ce n’est pas le tonnerre
C’est sa vindicte nue et révolutionnaire
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