Les Petits Vieux
Ce sont deux petits vieux qui vont à petits pas
Sur leur chemin qui va du commerce au repas
Ils sont si près des cieux qu’elle agrippe sa manche
De peur qu’il disparaisse au coin de ce dimanche
Les bancs sont les stations de leur chemin de croix
Marcher quand on est vieux, est brisant de surcroît
Le ciel semble si vaste à l’âme qui se traîne
Que l’admirer un peu valait bien cette peine
Leur horizon s’éteint au bout de leurs souliers
Et leurs jours ne sont plus que rites journaliers
Ils ont pleuré leur chien, il n’ont pas de famille
Ils n’ont pour tout soutient qu’une vieille béquille
La main l’étreint si fort, qu’il se tourne à demi
Et dans ce corps flétri, dans ce corps qui gémit
Demeure en filigrane une grâce éternelle
Qu’il relève toujours au fond de sa prunelle
Et dans son coeur usé, soudain la flamme luit
Tant d’années à s’aimer avant la grande nuit
Alors, il prend sa main, y pose le soleil
Se penche doucement, et glisse à son oreille :
“ - Tu es belle aujourd’hui ! “
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