Tempus
Inexorablement, il va, clopin-clopant,
Sur les sentiers battus des cadrans inutiles
Et creuse sous nos pas, à nos propres dépens,
Les sillages amers des tombes infertiles
C’est ainsi qu’il déchire aux nimbes de nos jours,
De son manteau d’oubli, des lambeaux de poussière
Qui s’en viennent ternir d’ineffables amours
Dont le rose des joues éclipsait la lumière
Le temps nous lègue aussi, dans les recoins d’un soir,
Des silences pesants, des brèches douloureuses,
Des ombrages muets qui flottent dans le noir
Et s’abîment aux pieds des étoiles cireuses
Je déplore le temps qui, lors d’un court instant,
Se mirait dans tes yeux quand souriaient tes lèvres,
Quand il tardait son pas tout en nous abritant,
Sous sa fragile égide en kaolin de Sèvres
Puis il est reparti, t’enlevant de ce monde,
Et dans le morne coeur d’une lourde comtoise,
J’entends battre son pas, de seconde en seconde,
Quand la nuit lui concède une pudeur courtoise
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